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Philippe Tailliez, la mer pour patrie
jeudi 29 novembre 2012
Fils de marin né à Malo-les-Bains en 1905, Philippe Tailliez passe sa jeunesse entre Dunkerque et la Bretagne. Les lettres de son père décrivant les plongeurs de perles de Tahiti le passionnent. La Mer le subjugue. A sa sortie de l’Ecole navale en 1924, il est affecté à Toulon où enfiévré par l’apnée et le monde sous-marin, il devient le champion de natation de la Marine.
Officier torpilleur, Philippe Tailliez rencontre un jeune enseigne de vaisseau, le canonnier Jacques-Yves Cousteau, qu’il initie à la plongée. En 1938, ils sont rejoints par Frédéric Dumas. Le trio, surnommé les Mousquemers, marque l’histoire de la plongée même si la seconde guerre mondiale les sépare momentanément. En congés d’Armistice, les hommes ont du temps devant eux, la Royale, soumise à l’Occupant, n’est plus que l’ombre d’elle-même. Ils tournent alors le premier film sous-marin français, vite suivi d’un second, grâce à un scaphandre autonome inventé pour l’occasion. En 1945, l’Amiral Lemonnier confie à Tailliez le « Groupe de Recherches Sous-marines », lui affecte ses deux amis et lui confie l’aviso « Elie Monnier ». Avec ce navire, ils remplissent des missions de déminage, des explorations sous-marines et des tests, établissant notamment les tables de plongée. A ce titre, ils œuvrent aussi à la mise au point des premiers bathyscaphes du Professeur Picard, le savant génial qui inspira Hergé pour le Professeur Tournesol. En 1949, Tailliez rallie l’Indochine. A son retour, il tente de mettre au point un nouveau type de bathyscaphe, vainement.
En janvier 1955, il est nommé commandant de la flottille Rhin Nord et du bâtiment-base « Les Vosges ». Il réalise avec la crise de Suez en 1956 que le Rhin est un axe vital pour l’Europe dont il faut absolument garantir la sécurité. Il met donc sur pied un groupe d’intervention subaquatique. Son équipe réalise des grandes premières mais la même année, il est muté sur les rivages de la Méditerranée où il mène une vie bien remplie entre les commissions techniques concernant les activités subaquatiques et l’archéologie sous-marine. Après son départ à la retraite en 1960, il se consacre à la protection des espaces maritimes mais contrairement à son ami Cousteau, il fuit les medias. Sans jamais oublier de s’investir personnellement pour aider les passionnés, le père de la plongée autonome française s’éteint à Toulon en 2002, loin de l’agitation des cameras… et de l’Ile aux Phoques…
François Hanscotte
Voir en ligne : Article paru le 30 Mars 2011 dans Le Phare Dunkerquois (François Hanscotte)